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UNE GUERRE SANITAIRE CONTRE UN ENNEMI INVISIBLE

A. France J12 : “vivre avec, probablement sur les traces de l’Italie”

1. Incidence

1210 nouveaux cas détectés hier 

Evolution jours précédents : 924 / 838 / 785 / 500 / 372 / 203 / 177 / 336 / 190 / 138 / 73 / 21

Une dynamique similaire à celle de l’Italie avec une semaine de décalage.

2. Prévalence

6473 cas diagnostiqués par test biologique.

Evolution : 5400 / 4500 / 3570 / 2876 / 2281 / 1734 / 1412 / 1126 / 949 / 613 / 423 / 285

La dynamique semble s’améliorer avec un temps de doublement passant de 3 à 3,5 jours. Néanmoins, restons prudent tant que la tendance ne se confirme pas.

En France, 1 cas diagnostiqué biologiquement en moyenne pour 10 000 habitants.

3. Système de santé 

– 12 premiers patients « guéris » (= sortis de l’hôpital et fin d’observation).

– 400 cas en soins intensifs soit 6% des cas diagnostiqués, résultat conforme aux chiffres attendus à partir de l’expérience des autres pays.

– Taux de létalité : 2,2% (148 décès sur 6633 – 21 décès hier) – chiffre à prendre avec précaution tant que l’épidémie n’est pas sous contrôle – en Chine, la majorité des décès se sont produits 3 à 4 semaines après apparition des symptômes.

– Le système de santé se mobilise avec l’appui de toutes les ressources civiles et militaires pour être prêt à accueillir les cas à la fois simples et complexes de Covid-19.

– Mesures pour favoriser le déplacement des professionnels de santé – dont plus de 60% sont des femmes : garderie, transport…

– Sur un modèle de type Italie ou Hubei (population de 60 millions de personnes et surface similaire à la France), le système devra être 100% opérationnel sur une période d’au moins 2 mois.

4. Analytique

2 pôles majeurs : Grand Est (historique) et Île de France (poumon économique de l’Hexagone).

En termes d’analyse régionale, le tableau suivant réalisé avec Carole Gabay permet d’aller plus dans le détail.

Les DOM-TOM viennent de présenter leurs premiers cas : 3 cas dont 1 hospitalisation en Polynésie Française.

5. Un triple risque santé à gérer : organique, mental, économique

– Organique : bien protéger les personnes âgées (confinement) et bien se protéger pour protéger les autres (les jeunes peuvent également être victimes !).

– Mental : moins de vie sociale et ces situations de confinement sur plus d’un mois peuvent engendrer conflits et épuisement, surtout avec des enfants à charge. D’autant qu’il ne faut pas demander aux grands parents de les garder !

– Économique : en particulier les PME qui vont énormément souffrir pendant la période à venir, comme ce fut le cas en Chine (15-20% du chiffre d’affaires 2019, à la même époque, pour la restauration).

6. A venir : le confinement (= « Restez chez vous ! ») mesure inédite en France, en vigueur dès aujourd’hui

– Devant l’évolution préoccupante de la situation (doublement des cas tous les 3 jours, le Grand Est déjà en difficulté, les exemples étrangers, etc) et du fait qu’une partie de la population est dans le déni, les autorités ont décrété un confinement de règle (seules les personnes autorisées pourront se déplacer).

– D’après les spécialistes (régressions affinées des courbes évolutives selon les modes d’intervention), 30 millions de personnes pourraient être atteintes en France avec un pic dans 40-50 jours (= 3-4 fois la durée d’incubation) selon certaines modélisations.

B. Incidence monde : une pandémie globale (plus de 130 pays et 6 continents) avec évolution historique “Est (Chine) – Ouest”

Merci à Stéphane, compagnon de la première heure, pour son soutien sur cette rubrique.

1. Chiffres stables : environ 12 600 nouveaux cas (bonne nouvelle)

Nouvelle encourageante (stabilisation / doublement des cas tous les 5 jours) et justifiant les mesures de prévention collective et individuelle, prises par les pouvoirs publics en Europe.

Restons prudents et voyons si cette tendance sera confirmée dans les jours à venir.

2. Vision temporelle : légère diminution des nouveaux cas en Italie et en Iran

12 600 nouveaux cas, c’est 3 fois l’incidence maximale observée en Chine début février pour une population inférieure (environ 1,3 milliards d‘habitants en Chine, 500 millions en Europe et 350 millions au Moyen-Orient). 

3. Vision spatiale

3 pôles actifs : Europe de l’Ouest (plus de 60% des nouveaux cas), Moyen-Orient (15%), Etats-Unis (5%).

Top 5 en termes d’incidence (nouveaux cas) :  l’Italie n’est plus le Hubei (90% des cas en Chine) de l’Europe.

Carte : répartition des nouveaux ca

4. Dynamique : focus Europe de l’Ouest (60% des nouveaux cas)

 Carte : répartition des nouveaux cas en Europe

C. Prévalence monde : environ 94 000 cas confirmés par tests biologiques

– Noter que l’Italie (environ 28 000 cas) a atteint en 15 jours 40% des cas observés dans le Hubei (+/- 72 000) en 2 mois.

– Noter le taux « historique » (cumul du nombre de personnes touchées depuis le début de l’épidémie, guérisons incluses) de 180 000 cas dont 81 000 patients “guéris”, pour la plupart, en Chine.

– Distribution géographique : 60% en Europe de l’Ouest, 20% encore en Asie (principalement Chine et Corée), 12% au Moyen-Orient et le reste dispersé (dont 5% aux USA). 

Carte : répartition des cas détectés


D. « Crash Test » : L’Afrique – le maillon faible de la pandémie ?

Avec mon collègue, le Dr Bachir Athmani, nous évaluons tous les jours un système de santé confronté à des afflux massifs potentiels de patients : 15% présentent des formes sévères nécessitant l’hospitalisation et 5% un séjour en réanimation médicale pendant 1 à 2 semaines généralement), si l’on se base sur l’expérience en Chine (dont plus de 90 % des cas étaient concentrés dans le Hubei).

– Lorsque les Parisiens ont entendu parler de l’épidémie de Covid-19 à Wuhan en janvier 2020, ils ne s’attendaient pas à se retrouver en quarantaine 2 mois plus tard. 

– Ce qui est craint le plus aujourd’hui en Afrique, c’est la propagation massive du virus au sein des populations des grandes villes africaines (Lagos,…) avec le spectre d’une catastrophe sans précédent.

– En termes simples, « le monde n’est pas à l’abri si l’Afrique ne l’est pas ».

1. Les faits

La majorité des pays africains sont touchés par le coronavirus et 70% de la population pourraient être infectés.

– Afrique :

27 pays touchés à ce jour (24 hier);

427 cas détectés (356 hier);

Egypte (166 cas, 2 décès), Éthiopie (5 cas), Algérie (54 cas, 4 décès), Sénégal (26 cas, 1 décès), Ghana (6 cas), Maroc (28 cas, 2 décès), Tunisie (20 cas), Burkina Faso (15 cas), Ghana (2 cas), Togo, Côte d’Ivoire (4 cas), Guinée, Mauritanie, Gabon, Kenya (3 cas), Rwanda (5 cas), Soudan, Cameroun (5 cas), Namibie (2 cas), Congo (2 cas), Afrique du Sud (64 cas), Centrafrique, Guinée équatoriale, Bénin, Liberia, Somalie.

2. Historique : le virus est venu d’Europe et non d’Asie

– La majorité des cas signalés en Afrique proviennent d’une importation de pays européens alors que plusieurs pays africains (Algérie, Egypte, Afrique du Sud) étaient considérés par les experts internationaux comme étant les plus menacés par une arrivée du coronavirus originaire de Chine (présence d’une importante communauté d’expatriés chinois).

– Le continent a été épargné dans un premier temps. Aujourd’hui, la pandémie y progresse comme partout ailleurs et les cas de contamination se multiplient dans plusieurs pays. 

3. Un système de santé précaire 

20% des personnes infectées devront faire l’objet d’un suivi médical rapproché, selon les derniers chiffres venus de Chine et d’Italie, dont 5% nécessitent une hospitalisation en réanimation (soins intensifs et ventilation). Alors que la plupart des pays africains ne disposent que de peu de moyens tant humains que techniques.

4. Comment l’Afrique fait face à l’épidémie actuellement ? Limitation « mécanique » de la propagation du virus

– Au niveau international, l’Afrique se barricade pour se préserver : à ce jour la majorité des pays africains ont fermé leurs frontières à de nombreux pays.

– Au niveau national : distanciation sociale forcée avec la fermeture des écoles, des universités, des cafés et des lieux de culte. Mariages et événements sportifs sont reportés.

5. A l’évidence, ceci va s’avérer insuffisant : et l’Afrique a des besoins urgents d’aide internationale

– Pour financer les kits de diagnostics, des lits d’hospitalisation et des unités de réanimation.

– Ce n’est pas une question de charité mais un problème de santé publique internationale. Les virus ne respectent pas les frontières et pourraient rester à l’état endémique pour repartir au Nord et à l’Est.

– Comme les Occidentaux sont eux-mêmes le « nez sur le guidon », je pense que la Chine qui a maintenant redémarré sur le plan économique va devenir le partenaire clé du continent et encore plus s’implanter (« ChinAfrique » après « L’Europafrique » du siècle dernier !) pour développer ses Routes de la Soie.

6. 4 points néanmoins positifs pour le Continent 

– L’Afrique a eu le temps de se préparer « pour une fois » à la différence d’autres épidémies;

– L’expérience acquise au cours des précédentes épidémies d’Ebola en Afrique de l’Ouest (RDC, Guinée,…) en 2014-16 : ces épidémies virales extrêmement dangereuses (50% de mortalité et 11 000 victimes) ont permis aux pays africains d’avoir des bases sur lesquelles s’appuyer pour la préparation au Covid-19. Notons que c’est le vaccin apparu au bout d’un an qui a finalement permis de juguler l’épidémie.

– Le climat chaud (et autres spécificités géographiques : humidité,…) pourrait ralentir la progression du virus.

E. Géopathologie

1. La pandémie du Covid-19 a mis en évidence la très forte dépendance des économies occidentales à la Chine

Cette prise de conscience va nous obliger à repenser nos chaînes d’approvisionnement, notamment dans les secteurs stratégiques tels que la pharmacie. Les cost killers avec une vision « court termiste purement comptable » seront moins les bienvenus ! Secteurs concernés au premier chef : la pharmacie (plus de 80% des antibiotiques ou de l’Ibuprofène sont produits en Asie) et l’électronique (80% des circuits intégrés).

2. Le virus va-t-il mettre Trump dans la tourmente ?

Selon l’évolution de l’épidémie (déjà 4 000 cas aux USA), le président américain joue gros en cette année électorale alors que 20% de la population est sous-assurée et que l’actuel responsable de la sécurité sanitaire va probablement être poussé à la démission : suite à son audition au Congrès, les commentateurs soulignent que ce dernier n’avait visiblement pas saisi les enjeux.

3. La Chine va-t-elle tirer son épingle du jeu ? … à suivre

Elle va pouvoir s’affirmer en termes de communication et avancer les réussites de son système qui a permis :

– une gestion efficace de la crise en interne : en 3-4 mois de mesures drastiques, l’épidémie est repassée totalement sous contrôle alors que les démocraties occidentales ont tergiversé et n’ont en apparence pas su réagir à temps;

– un appui médico-logistique aux alliés du projet « Route de la Soie », dont l’Italie et l’Iran… en attendant l’Afrique (dont plus de 70% des mobiles sont Chinois !).

Mais une guerre de communication est à prévoir en la matière : en réponse aux remarques américaines sur l’origine de l’épidémie, un porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois accuse les Etats-Unis d’avoir implanté le virus en Chine.

4. Fait surprenant : il apparaîtrait que le coronavirus met à mal… la bière Corona

Celle ci aurait perdu plus du quart de ses ventes depuis le début de l’épidémie. Nous jetterons avec Jennifer un regard sur le cours de la valeur et partagerons avec vous très prochainement nos observations.

Gardez en tête le “réflexe 3M” (Mains-Masques-Mètre) pour se protéger…. mais surtout pour protéger les plus vulnérables.

Confiance et solidarité pour ce combat collectif,

Dr Guillaume ZAGURY

Spécialiste en Santé Publique Internationale

Consultant en “Health Innovations”

HEC

En Chine depuis 2000.“Toute réussite est collective”, merci à  : 

– toute l’equipe “Back Up”  (Mathieu Bousquet, Carole Gabay, Flavien, Marie, Laetitia, Anne-Sophie,…),

– toute l’équipe médicale GVMN (Global Virus Medical Network : Dr Bachir Athmani, Dr Ibrahim Souare, Dr Viateur, Dr Taieb,…) qui permettent à ce projet d’exister, sans qui ce projet n’aurait pu voir le jour.

– tous les mécènes financiers (Jerome, Benjamin Denis & B Square, Benoit Rossignol, Arnault Bricout) qui oeuvrent pour des “Actions Citoyennes”

Si vous vous sentez l’âme de mécène ou de partenaires pour financer le développement informatique, n’hésitez pas à me contacter (guillaume@covidminute.com).

Également, même si une partie de l’équipe est basée à Shanghai, n’hésitez pas à venir nous rejoindre, car ce n’est pas le travail qui manque 🙂Pour ceux qui veulent prolonger la lecture avec un complément d’iconographies, sur des social médias occidentaux:

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