A. France J13 : “vivre avec” – nous avons la solution “entre nos mains”
1. Incidence
– 1 097 nouveaux cas détectés hier
– Evolution jours précédents : 1 210 / 924 / 838 / 785 / 500 / 372 / 203 / 177 / 336 / 190 / 138 / 73 / 21
– Une dynamique similaire à celle de l’Italie avec une semaine de décalage.
2. Prévalence
– 7 000 cas diagnostiqués par test biologique et en observation.
Evolution : 6 473 / 5 400 / 4 500 / 3 570 / 2 876 / 2 281 / 1 734 / 1 412 / 1 126 / 949 / 613 / 423 / 285
– Temps de doublement : entre 3 et 4 jours
– En France, on compte en moyenne 1,2 cas diagnostiqué biologiquement pour 10 000 habitants.
3. Système de santé : premiers effets vers J14 ?
– 700 cas en soins intensifs aujourd’hui contre 400 hier, soit 10 % des cas diagnostiqués, résultat supérieur au chiffre attendu au vu de l’épidémiologie chinoise (5%).
– Noter qu’un patient ventilé reste en moyenne 15 jours dans le département.
– Taux de létalité actuel : 2,5% (175 décès sur 7.000 cas – 27 décès hier). Chiffre à prendre avec précaution tant que l’épidémie n’est pas sous contrôle.
En Chine, la majorité des décès se sont produits 3 à 4 semaines après l’apparition des symptômes.
– Sur un modèle de type Italie ou Hubei (population de 60 millions de personnes et surface similaire à la France), le système devra être 100% opérationnel sur une période d’au moins 2 mois.
4. Répartition géographique
2 pôles majeurs : Grand Est (historique) et Île de France (poumon économique de l’Hexagone)
En termes d’analyse régionale, le tableau suivant réalisé par Carole Gabay permet d’aller plus dans le détail.
5. Un triple risque santé à gérer : organique, mental, économique
– Organique : bien protéger les personnes âgées (confinement), et bien se protéger pour protéger les autres (les jeunes peuvent également être victimes !).
– Mental : moins de vie sociale et ces situations de confinement sur plus d’un mois peuvent engendrer conflits et épuisement, surtout avec des enfants à charge. D’autant qu’il ne faut pas demander aux grands parents de les garder !
En Chine, il semble que les demandes de divorce aient explosé après la fin des mesures de confinement dans certaines localités.
– Économique : en particulier pour les PME, qui vont énormément souffrir pendant la période à venir, comme ce fut le cas en Chine (15 à 20% du chiffre d’affaires 2019, à la même époque, pour la restauration).
6. A venir : distanciation sociale à géométrie variable
– Limitations des ventes de paracétamol dorénavant (+/- prescription si > 2 boites), éviter les anti-inflammatoires non stéroïdiens type ibuprofène.
– Report de Roland Garros en septembre mais maintien des Jeux Olympiques 2020 au Japon… pour l’instant.
– Pour le développement durable du couple, restons optimistes et nous verrons probablement un “baby boom” a Noël (classique remarque faite il y a 40 jours dans notre rapport quotidien en Chine).
B. 6 grandes différences avec la crise en Chine (du 1er janvier au 15 mars) : 10 « Wuhan » possibles en Europe
Lorsque les Parisiens ont entendu parler de l’épidémie de Covid-19 à Wuhan en janvier 2020, ils ne s’attendaient pas à se retrouver en mode “isolement”… 2 mois plus tard !
1. En Chine, un seul foyer majeur, gelé rapidement à 100% (loi martiale)
– En Chine, nous n’avons eu à faire face qu’à un seul foyer majeur : la province du Hubei dont Wuhan, épicentre de l’épidémie, est la capitale, correspond en surface et en population à l’Italie. Elle représente 5% de la population chinoise et 5% du territoire. Cette province a concentré plus de 90% des cas (68 000 sur 81 000) et des décès (3 100 sur 3 200).
– En Europe, nous voyons émerger une dizaine de Wuhan : l’Italie du Nord, le Grand Est, l’Ile de France représentent déjà plus de la moitié des cas détectés dans le Hubei à ce jour.
2. Action rapide de “gel géographique” en Chine
– Cette province a été très rapidement “gelée” (vers le 25 janvier, soit à J25) car dans l’incertitude l’Etat central a été très réactif.
Il disposait à l’époque de très peu de données épidémiologiques, contrairement à aujourd’hui. Les autres provinces et villes (type Shanghaï), bien que beaucoup moins touchées, ont imposé un confinement simple ainsi que l’obligation du port de masques.
La Chine ne pouvait pas se permettre de ne pas réagir rapidement, au risque de contaminer très rapidement le reste du monde et détruire l’image de puissance responsable qu’elle souhaite donner.
– En Europe, la montée en puissance des mesures de santé publique tant collectives qu’individuelles est apparue plus tardivement.
3. Différences épidémiologiques
Si quantitativement les chiffres semblent similaires (autour de 98% attendus de guérison, à moins d’un afflux brutal), qualitativement nous notons une différence : en Chine, 80% de la mortalité s’est concentrée sur les seniors (> 65 ans), alors qu’en Europe, la distribution de la mortalité semble pour l’heure faire ressortir un âge moyen relativement bas (autour de 55 ans ?).
4. Homogénéité de la réponse en Chine
– Absence d’homogénéité des réponses européennes (Italie, France ou Hollande), alors qu’en Chine toutes les provinces, qui disposent d’une certaine autonomie, ont apporté une réponse coordonnée.
– En Chine, adhésion totale (volontaire ou non) de la population aux mesures de santé publique, alors qu’en Europe, prise de conscience tardive (et à géométrie variable), engendrant une diffusion de l’épidémie sur tous les pays de l’Ouest.
5. Meilleur taux d’équipement individuel en Chine (quantitatif et qualitatif)
– En Chine, les masques et gels sont partout, et sont d’usage plus fréquent qu’en Europe, même hors épidémie.
– En Europe, faible taux d’équipement en terme de protection individuelle tant pour le grand public (masques, gel hydro alcoolique,…), que pour les professionnels.
6. La Chine a essuyé les plâtres
Elle peut ainsi partager des informations très utiles pour l’Europe : prise en charge des patients, recherche fondamentale…
C. Incidence monde : une pandémie globale (plus de 130 pays et 6 continents) avec évolution historique “Est (Chine) – Ouest”.
Merci à Stéphane, compagnon de la première heure, pour son soutien sur cette rubrique.
1. Chiffres : environ 15 500 nouveaux cas (12 600 nouveaux cas hier)
2. Vision temporelle : prochaine étape, après l’Europe de l’ouest, l’Amérique centrale et du nord
3. Vision spatiale : le virus se dirige vers l’ouest (et les Amériques)
3 pôles actifs : Europe de l’ouest (plus de 60 % des nouveaux cas), Moyen-Orient (15 %), Amerique centrale & Etats-Unis (5 %)
Carte : répartition des nouveaux cas
D. Prévalence monde : 106 000 cas environ (94 000 hier) confirmés par tests biologiques
– Distribution géographique : 60 % en Europe de l’Ouest, 20 % encore en Asie (principalement Chine et Corée), 12 % au Moyen-Orient et le reste dispersé (dont 5 % aux USA).
– Top 5 : Italie (26k) – Espagne (10k) -Iran (10k) – Allemagne (9k) – France (7k)
Carte : répartition des cas détectés
E. Crash test et suivi : Etats-Unis, « America first » ?
Avec mon collègue, le Dr Bachir Athmani, nous évaluons tous les jours un système de santé confronté à des afflux massifs potentiels de patients : 15 % présentent des formes sévères nécessitant l’hospitalisation et 5 % un séjour en réanimation médicale pendant 1 à 2 semaines généralement), si l’on se base sur l’expérience en Chine (dont plus de 90 % des cas dans le Hubei).
1. Les cas confirmés continuent d’augmenter aux États-Unis
Plus de 6 400 cas signalés (109 décès, soit 1,7 %), avec un taux de doublement entre 2 et 3 jours.
2. Les Américains ne sont plus dans leur zone de confort
Ils sont leaders en techno-science et innovations (ex : télémédecine), mais sont confrontés à un défi sanitaire global où la contagiosité est en relation avec l’organisation générale du système de santé (accès aux soins, remboursement et assurance, densité médicale,…).
3. Leur système va être sous intense pression
Et ce pour 4 raisons intrinsèques (ressources humaines & équipement) :
– Absence de protection santé universelle : près de 18 millions d’Américains n’ont pas accès à une assurance (chiffre 2018) et beaucoup de ceux couverts pourraient avoir du mal à payer leurs propres contributions pour des traitements coûteux. En 2019, 33 % des Américains ont déclaré avoir suspendu un traitement pour une condition médicale en raison du coût et 25 % ont déclaré avoir reporté les soins pour une maladie grave. Noter que les 153 millions d’Américains ayant une assurance par le biais de leur emploi ont pour la plupart une franchise moyenne d’au moins 1 600 à 2 000 $ par année (à comparer au prix d’un test actuellement autour de 2 000 $ !). Ce défi de protection sociale aux Etats-Unis sera d’une brûlante actualité pour les élections de novembre.
– Absence de congé maladie payé pour un quart des travailleurs : près d’un quart des travailleurs n’ont pas de congé maladie payé et parmi les salariés les moins bien payés, seule la moitié a accès à des congés de maladie, obligeant de nombreuses personnes à se rendre au travail malades, provoquant une propagation plus large du virus.
– Pénurie de lits : environ 2 lits pour 1 000 habitants (France : 6 pour 1 000 habitants), alors que le pays a énormément de pathologies chroniques type diabète (et ses conséquences en terme de décompensation cardio-vasculaires), due à l’épidémie d’obésité (plus de 30 % des adultes).
– Pénurie de médecins : le système médical national est orienté vers les soins spécialisés et curatifs, plutôt vers la santé primaire (maillage du territoire par les généralistes) : de très nombreux Américains n’ont pas de médecin de famille régulier. En terme quantitatif : 3 généralistes pour 10 000 habitants aux Etats-Unis (9 en France et 13 au Canada).
– Un nombres de lits de réanimation sous tension : leur nombre total est certes élevé (environ 45 000 lits pour 330 millions d’habitants, soit plus que la France qui compte 5 000 lits pour 70 millions d’habitants), mais ils sont généralement aux 2/3 occupés (pathologies chroniques), d’autant que l’épidémie de covid-19 correspond à la fin actuelle du pic de grippe saisonnière la plus meurtrière de la décennie : 370 000 hospitalisations et plus 22 000 décès cette année.
4. 3 mauvaises appréciations/paris des responsables :
– Impréparation du responsable sanitaire national (cf. son audition au Sénat).
– Incrédulité : sous-estimation de l’impact quantitatif et qualitatif de cette pandémie (même s’il est facile de juger après coup).
– Retard dans le déploiement du/des test(s) biologique(s), qui permet d’évaluer l’étendue réelle de l’infection et conduit à une réponse plus éclairée. Ceci est dû à des problèmes de fabrication de kits et au retard dans l’approbation des tests commerciaux existants.
5. Une solution à 4 niveaux : pas d’autre choix que de suivre le modèle chinois… s’ils le peuvent
– Confinement radical (désocialisation) pour aider à soulager la pression sur les hôpitaux, au minimum au niveau local (selon prévalence, tendance,…).
– Augmenter les ressources humaines et équipements : construction rapide de structures hospitalières. La ville de Wuhan (épicentre de l’épidémie) a construit deux hôpitaux de fortune pour offrir 2 000 lits supplémentaires aux personnes malades en 3 semaines seulement. Des équipes de construction de quelque 7 000 travailleurs ont construit les installations à un rythme effréné et les hôpitaux ont été conçus pour être utilisés exclusivement pour les patients atteints de cas confirmés de coronavirus. (une initiative clé qui a permis de sauver des vies en Chine d’après l’OMS).
– « Effort de guerre » : transformation d’une partie de l’appareil productif pour les équipements médicaux (protection, respirateurs,…).
– Instaurer la gratuité des soins pour tous les citoyens pendant la crise.
6. Ne jetons pas la pierre aux Américains
Surtout après coup. Ils ont sans nul doute l’état d’esprit positif et l’ingéniosité entrepreneuriale nécessaires pour relever le défi.
Gardez en tête le “réflexe 3M” (Mains-Masques-Mètre) pour se protéger…. mais surtout pour protéger les plus vulnérables.
Confiance et solidarité pour ce combat collectif,
Dr Guillaume ZAGURY
Spécialiste en Santé Publique Internationale
Consultant en “Health Innovations”
HEC
En Chine depuis 2000.“Toute réussite est collective”, merci à :
– toute l’equipe “Back Up” (Mathieu Bousquet, Carole Gabay, Flavien, Marie, Laetitia, Anne-Sophie,…),
– toute l’équipe médicale GVMN (Global Virus Medical Network : Dr Bachir Athmani, Dr Ibrahim Souare, Dr Viateur, Dr Taieb,…) qui permettent à ce projet d’exister, sans qui ce projet n’aurait pu voir le jour.
– tous les mécènes financiers (Jerome, Benjamin Denis & B Square, Benoit Rossignol, Arnault Bricout) qui oeuvrent pour des “Actions Citoyennes”
Si vous vous sentez l’âme de mécène ou de partenaires pour financer le développement informatique, n’hésitez pas à me contacter (guillaume@covidminute.com).
Également, même si une partie de l’équipe est basée à Shanghai, n’hésitez pas à venir nous rejoindre, car ce n’est pas le travail qui manque 🙂Pour ceux qui veulent prolonger la lecture avec un complément d’iconographies, sur des social médias occidentaux:
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