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ANTICIPER LE FUTUR DÉCONFINEMENT : NE PAS FAIRE LA GUERRE AVEC LES YEUX BANDÉS

A. “CovExit” : le préparer dès maintenant, pour ne pas subir

1. Nous courons un marathon, pas un 100 mètres

Pour décréter un déconfinement, deux conditions sont nécessaires afin d’éviter une seconde vague de patients covid-19 :

1. des indicateurs épidémiologiques simultanément au vert (pic épidémiologique, bilan entrées/sorties pour les lits de réanimation, niveau d’immunité de la population,…)

2. une bonne préparation pour la prévention d’un risque de seconde vague : masques, tests à grande échelle, etc.

Tableau : indicateurs régionaux soins intensifs / décès

Graphique : indicateurs nationaux hospitalisations / soins intensifs / décès

Nous ne maîtrisons pas encore certains éléments, qui peuvent encore changer la donne : 

– le niveau d’immunité naturelle actuelle des différentes populations exposées (nous avons quelques données en Chine, mais elles demandent confirmation),

– les solutions thérapeutiques (solution médicamenteuse) et l’immunité vaccinale (temps incompressible, les premiers résultats ne pouvant vraisemblablement pas intervenir avant début 2021).

Si le confinement actuel semble prévu pour durer encore environ trois semaines (soit environ 50 jours au total), il paraît aujourd’hui peu probable que la date sera tenue.

Notons que les habitants de Wuhan (et du Hubei) ont eu le courage de vivre un confinement “strict” de 76 jours, qui ne s’est terminé qu’hier (autorisation de sortir de la province).

Nous devrons apprendre à vivre avec le virus : masques, tests, suivi digital, etc.

2. Anticiper pour ne pas subir : être proactif pour le jour J

D’un pays à l’autre, les méthodes diffèrent pour anticiper le risque de seconde vague, en fonction de l’état épidémiologique et des outils disponibles.

Ainsi, l’Allemagne, qui dispose d’éléments préventifs importants (nombre de tests journaliers important, plus de 20 000 lits de réanimation,…) sera encline à déconfiner plus tôt que la France et donc à relancer plus rapidement son économie (ce qu’on observe en Chine actuellement).

3. Le déconfinement avec une approche système 360° et simultanée : l’outil CovExit ©

Cet outil se caractérise par la prise en compte des éléments les plus précis nécessaires au déconfinement : accent mis sur les  populations à risque de mortalité, tests sérologiques (immunité), digitalisation des processus pour la population, etc.

Nos standards ont été élaborés par notre comité de lecture international. Ils permettent de suivre le probable “Jour J” de chaque pays pour le déconfinement, tant au niveau national que régional.

Notre évaluation actuelle indique que la France “peut mieux faire”. Soyons sûrs que nos dirigeants du ministère de la santé s’attellent à la tâche, la mise en oeuvre étant souvent décalée par les lourdeurs de l’administration, habituée à fonctionner en temps de paix avec des processus de décision mal adaptés à la situation actuelle d’urgence.

Nous suggérons deux niveaux d’appréciation :

1. global par pays pour l’aspect stratégique et

2. local/régional pour l’aspect opérationnel et pratique.

4. Tableau de bord

Nous proposons au total quatre tableaux de bords pour prendre de la hauteur, et aider nos décideurs.

4.1. CovidScore national

Le CovidScore national donne une vision globale de la situation en terme de prise en charge préventive et curative, pour faire face à la vague virale initiale.

4.2 Le CovidScore régional (niveau ARS)

Il couvre l’aspect opérationnel qui soyons en sûrs sera repris par les décideurs.

4.3 Le CovExit pays

Voir plus haut la présentation détaillée de ce tableau. Il permet d’évaluer le positionnement de la France et voir comment nous pouvons apporter des suggestions sur les expériences asiatiques à adapter voir à améliorer dans notre pays.

4.4 Le CovExit local/régional

Déjà évoqué plus haute, il permet d’anticiper les décisions de confinement qui seront données au niveau local/régional, par paliers (comme en Chine, seul pays pour l’heure à avoir commencé un déconfinement après un confinement généralisé).

Nous proposerons rapidement un tableau “région” (à destination des ARS : agences régionales de santé), intégrant des données de prévalence importantes pour la prise de décision : pourcentage de lits de réanimation occupés comme meilleur indicateur de l’absorption des cas par le système de santé (rappelons que les nombres de cas positifs et de décès sont trop sujets à des biais de mesure).

5. Dans ces moments de turbulence en Europe de l’Ouest, un élément positif semble se dégager par rapport aux pays asiatiques

En maîtrisant la stratégie de prévention, l’Asie a certes empêché la diffusion (96% des cas et des décès en Chine sont restés concentrés dans le Hubei, les pays voisins ont été très peu touchés), mais l’Asie orientale n’a pas encore acquis d’immunité collective. En d’autres termes, le feu est éteint, mais la braise couve…

Comme l’Europe a été “submergée” par la vitesse de l’épidémie (à cause de la faiblesse de notre digue protectrice : 3 M, tests,…) et que notre confinement a été plus tardif, la diffusion du virus est beaucoup plus conséquente en Europe de l’Ouest (on y dénombre 10 “Wuhan”). Par suite, nous devrions avoir développé une meilleure immunité collective.

B. Pathologie : fondamentaux et communication

1. Au niveau épidémiologique : température/humidité et coronavirus (hypothèse évoquée depuis le 11 février)

Les deux autres coronavirus (à l’origine du SRAS en 2003 et du MERS endémique au Moyen-Orient) ont montré une sensibilité à la température : disparition du SRAS en Chine avec l’arrivée du printemps et MERS endémique au Moyen Orient (animal hôte : dromadaire).

Certains pays “tropicaux” semblent épidémiologiquement moins touchés (Thaïlande, Malaisie, Australie,…), mais il existe de nombreux biais de mesure, notamment la disponibilité des tests, qui empêchent toute conclusion catégorique.

Les recherches se poursuivent et je vous informerai de la moindre publication contributive.

2. Deux constats sur la prise en charge hospitalière

Noter la moindre incidence des cas infarctus du myocarde depuis le confinement (ce qui promet de belles études sur l’évolution des différentes pathologies) : probablement moins de décharges cortisolémiques (le pic horaire des IDM est tôt le matin).

Notons également l’intérêt des CIPAP (système mécanique qui permet de doubler la concentration d’oxygène nécessaire pour stabiliser le patient) aux urgences en phase inflammatoire aiguë : cela permettrait de donner une chance thérapeutique à des personnes âgées et d’éviter également certaines intubations chez des patients plus jeunes. Il existe des tutoriels sur la technique (cf l’hôpital Henri Mondor à Créteil).

3. En absence de solution pharmacologique, la prévention reste l’arme la plus efficace

Nous proposons (avec mon collègue et ami Hugues Lefort) un mémo pour les soignants qui pourra être utile au plus grand nombre (ne pas hésiter à diffuser)  :

En français :

En anglais : 

Notons également le mémo de mon collègue et ami Denis Boutry, ci-dessous.

Mesures de prise en charge collective du Covid “3 T” :

– Tester : avoir des quantités conséquentes de tests diagnostics rapides 

– Trier : les cas positifs doivent être isolés – alors qu’en France nombreux sont ceux qui restent à domicile, en Asie ou en Espagne ils sont aiguillés vers des structures spécifiques (hôpitaux, hôtels,…).

– Traquer (traçage) : une des clés du succès coréen (en s’appuyant entre autres sur un suivi digital)

Avec ces 2 mémos (4 M et 3 T), vous disposez déjà d’une bonne vision des mesures à prendre contre la pathologie. A n’en pas douter, ces mémos feront partie de l’édition 2021 de mon récent ouvrage paru en février, ”Medi-Memo-Minute” (www.medicilline.com).

C. “Géopathologie” : France J23 et monde – Toujours en phase épidémique

Analyse avec la contribution du Dr Bachir Athmani et de Stéphane, compagnons de la première heure.

Toutes les informations sont déjà présentes dans les médias, je vous livre donc 5 points synthétiques.

1. Prévalence monde : 80% des cas actuellement actifs recensés se situent en Occident

Comme il existe de gros biais de mesure (ex Afrique), ces informations sont indicatives de tendances avant tout (même niveau de mesure dans le temps pour une zone donnée).

4 milliards d’individus sont actuellement confinés sur la planète.

Vision géographique (source : Université John Hopkins)

Vision par continent

Prévalence par pays

2. Incidence monde : 84 000 nouveaux cas

Localisation géographique : 80% en Occident

Par pays : l’Amérique au même niveau que l’Europe

USA 33k (+6k)

Angleterre 4k (-0k) 

France 11k (+6k)

Espagne 5k (-0k)

Italie 3k (-1k)

Allemagne 4k (+1k)

Turquie  4k (+1k)

Iran 2k (-0k)

Inde, Russie, Brésil, Canada, Pays Bas, Belgique, Suisse : 1k

3. Des chiffres extrêmement discutables

La définition des cas est faite à géométrie trop variable d’un pays à l’autre, avec des biais de mesure et donc une sous-déclaration majeure :

– nombreuses formes peu ou pas symptomatiques : dans certains pays, notamment en Occident (et particulièrement en France), ces cas ne seront pas comptabilisés, alors qu’ils le sont dans d’autres pays, notamment asiatiques.

– sous équipement en tests : l’Afrique, entre autres, ne compte que peu de cas positifs, mais vraisemblablement essentiellement par manque de tests

Les modèles prédictifs sont par conséquent à prendre avec des pincettes, car ils s’appuient sur des estimations qui ne reflètent que très partiellement la réalité.

4. France : stabilisation du nombre de nouveaux cas en réanimation et diminution en Italie (mais restons prudents)

Evolution comparée France-Italie

Chiffres régionaux

5. Diplomatie virale

La Chine aurait suggéré à l’ONU la ville de Xi’an pour accueillir les réunions importantes du siège, car New York est dans une situation de chaos !

Il est évident qu’à court terme, les Chinois forts de leur image (“nous avons réglé le problème en 3 mois”) et surtout de leurs usines de biens médicaux (masques, surblouses,…) vont profiter de leur avantage compétitif tant au niveau commercial (quel abus de vendre des masques 5 à 10 fois le prix de 2019 !) que diplomatique.

Mais tout peut se voir sur le moyen terme, car l’immunité de la population serait a priori bien plus faible qu’en Occident.


A suivre…Gardez en tête le “réflexe 3M” (Mains-Masques-Mètre) pour se protéger…. mais surtout pour protéger les plus vulnérables.

Confiance et solidarité pour ce combat collectif,
Dr Guillaume ZAGURY
Spécialiste en Santé Publique Internationale
Consultant en “Health Innovations”
‍HEC
‍En Chine depuis 2000.

“Toute réussite est collective”, merci à  : 

– toute l’equipe “Back Up”  (Mathieu Bousquet, Carole Gabay, Flavien, Marie, Laetitia, Anne-Sophie,…),

– toute l’équipe médicale GVMN (Global Virus Medical Network : Dr Bachir Athmani, Dr Ibrahim Souare, Dr Viateur, Dr Taieb,…) qui permettent à ce projet d’exister, sans qui ce projet n’aurait pu voir le jour.

– tous les mécènes financiers (Jerome, Benjamin Denis & B Square, Benoit Rossignol, Arnault Bricout) qui oeuvrent pour des “Actions Citoyennes”

Si vous vous sentez l’âme de mécène ou de partenaires pour financer le développement informatique, n’hésitez pas à me contacter (guillaume@covidminute.com).

Également, même si une partie de l’équipe est basée à Shanghai, n’hésitez pas à venir nous rejoindre, car ce n’est pas le travail qui manque 🙂Pour ceux qui veulent prolonger la lecture avec un complément d’iconographies, sur des social médias occidentaux:

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